Culture

Un Éblouissement climatique qui ouvre les yeux à la Maison de la fontaine

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La Maison de la fontaine ouvra sa saison printanière sur un « Éblouissement climatique » donnant à voir et à ressentir une planète saturée de matières plastiques. La sculptrice Anaïs Dunn fait vibrer la matière et la lumière pour toucher la corde sensible.

Au dernier étage, telle une rescapée de son espèce, ce qui semble être une méduse immense accueille le public, mouvante, chantante, traversée de lumière dans sa membrane… en plastique. Serait-ce là notre avenir, celui d’animaux marins et terrestres moulés dans nos déchets recyclés parce qu’éradiqués par nos excès ? 

Travailler les volumes 

La sculptrice Anaïs Dunn, née en Dordogne et arrivée en région brestoise en 2011, a substitué au métal de ses débuts des matériaux pétrochimiques : bâches, couvertures de survie, sacs poubelles, huile de vidange... pour dénoncer la tragédie en cours. Sans agressivité, mais avec une poésie qui s’appuie sur l’enchantement de notre monde, elle écrase le bouton d’urgence avec élégance. «J’ai la volonté de travailler avec leurs qualités sculpturales, les volumes, le mouvement. Ici, je joue aussi avec les reflets du soleil sur des installations en bâches de survie.  D’où l’éblouissement. Je souhaite susciter le questionnement. » 

Icebergs suspendus à une prise de conscience

Au premier étage, des icebergs tout en légèreté, suspendus, révèlent leur fragile armature. « Une des sculptures retransmet le grondement du monde, sourit l’artiste. Cela correspond à l’activité sismique en terre comme en mer, enregistré à partir de données récoltées en Antarctique par un ami. »
Cette perception de la vibration tellurique s’expérimente au calme de la Maison de la fontaine. « C’est aussi le bruit des icebergs qui se décrochent de la banquise et partent fondre dans l’océan. » 
L’éblouissement climatique se transmet dans des fulgurances de beauté et de noirceur, comme ces tâches d’huile de vidange, encadrées. A première vue « c’est mignon, cela rayonne sur le papier, mais en fait, ça s’étale et ce n’est pas du tout absorbé par la nature… ».  

Une oeuvre à la maison de l'International

« En accueillant ici la sculptrice Anaïs Dunn, la ville de Brest souhaite rappeler l’urgence du combat nature/dénature, souligne Réza Salami, adjoint à la Culture.Nous espérons que chacun, en sortant d’ici, se sente un peu meilleur et comprenne que dans un espace défini, on ne peut exploiter à l’infini. »
Et pour marquer cet engagement, qui se traduit en actions par le plan Climat porté par la métropole, l’un des icebergs sera acheté et accroché dans le hall de la Maison de l’international, sur le plateau des Capucins, rappelant par la symbolique que le combat en faveur de la biodiversité est mondial.

  • Eblouissement climatique du 29 mars au 4 mai, entrée gratuite.
  • Rencontre avec Anaïs Dunn le 30 mars, de 14h30 à 18h30.
  • En avril, l’artiste interviendra au Musée des Beaux-arts pour un regard d’artiste.
  • Un atelier thérapeutique est également prévu avec le CCAS à partir de cette exposition.